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Les accords imposés par l’Angleterre au Zimbabwe et le non-respect de ceux-ci, sans oublier les exterminations massives 2/5

Le problème zimbabwéen n’est donc pas simple ou politique comme le présente les occidentaux. C’est un problème profond et complexe qui revêt une double dimension à la fois raciale et d’inéquité sociale, conséquence logique et automatique d’une société fondée ex ante sur la première dimension. Ainsi, pour comprendre la « situation transitoire » actuelle du Zimbabwe et surtout l’action courageuse entreprise par le président Robert Mugabe, il convient de se replacer dans le contexte historique qui a guidé la création de cette jeune nation. En effet, c’est seul cet « héritage historique » qui peut nous permettre d’appréhender la situation d’aujourd’hui et bien sur de se faire une idée sur le futur en s’y projetant. Toutefois, il ne s’agit pas ici de prolonger les tendances mais de mettre en évidence les limites et les incohérences d’un « modèle zimbabwéen » hérité de la Rhodésie coloniale qui perdure. La situation que vit le Zimbabwe aujourd’hui n’est que la concrétisation d’un système de domination qui n’est pas arrivé tout seul comme peut survenir un tremblement de terre ou un cyclone dévastateur. Mais, qui est la conséquence de choix géopolitiques bien précis. Puissant mécanisme de subordination et minutieusement programmé, ce système s’est noué en 2 actes.

Acte 1 : Le point de départ : 1888 – 1979, un héritage historique volé

Le 13 octobre 1888, le premier ministre de la colonie britannique du Cap, Cecil Rhodes s’arroge le droit exclusif et complet d’exploitation des minerais et métaux du royaume du Zambèze. Les autochtones s’y opposent, c’est le début d’une résistance qui va durer jusqu’en 1897 lorsque les blancs finiront par prendre le dessus en les repoussant et les embrigadant dans des « réserves indigènes » qu’on appellera plus tard « terres communales ». Dans la foulée, c’est la naissance d’une société duale fondée sur le principe de la hiérarchie des races : la Rhodésie qui deviendra Zimbabwe-Rhodésie en 1978 puis Zimbabwe en 1980 lors de l’accession du pays à l’indépendance.

La Rhodésie va être construite sur le sceau du principe racial tandis que ses mécanismes à la fois commercial et économique vont être développés et fondés sur le principe de la « triple appropriation » : appropriation des terres, appropriation de la main-œuvre et appropriation des ressources naturelles aux mains des autochtones noirs. Les noirs se voient ainsi exproprier et spolier de leurs ressources. Le pays est scindé en 2 parties inégales. D’un côté, on a la « société blanche » qui représente 1% de la population, c’est une société urbaine industrialisée, contrôlée par l’Etat et régie par le droit écrit, elle détient tous les pans de l’économie ainsi que l’agriculture commerciale. De l’autre côté, on a la société rurale, détentrice de l’agriculture communale et constituée des noirs, elle est régie par le droit coutumier et constitue le réservoir de main-œuvre de la société blanche.

Dans les premières années de la formation de la société, la mise en œuvre de ce système va être le résultat des décisions administratives de facto mais il sera très rapidement cristallisé en une série de dispositions législatives assurant l’application efficace. Plusieurs lois seront érigées mais 2 textes fondamentaux vont légiférer l’organisation et l’occupation de l’espace, c’est-à-dire le partage des terres entre blancs et noirs : le Land Apportionment Act de 1930 et le Land Tenure Act de 1969 qui restera en vigueur jusqu’en 1979.

Le Land Apportionment Act de 1930

Cette loi concède aux Noirs 22,4% des terres. Ce sont les « terres communales » ou encore les « réserves indigènes » dans lesquelles les noirs avaient été repoussés et parqués. Ce sont des terres improductives et érodées. Elles sont impropres à l’agriculture. L’idée des blancs à l’origine est de limiter l’accès des terres aux noirs pour éviter que ceux-ci développent une agriculture commerciale susceptible de concurrencer la leur et dans la foulée de les priver d’une main-œuvre abondante et gratuite.


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