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L’image globale de la crise au Zimbabwe : En attendant qu’une certaine presse Africaine se libère de la tutelle coloniale 2/4

Après l'indépendance en 80, le Royaume-Uni refuse de signer un accord de redistribution des terres

[ Ian Smith dirigeait l'ex Rhodésie sous un régime semblable à celui de l'apartheid ]

8. Après les indépendances le Zimbabwe est devenu l’un des pays les plus prospères et un modèle pour l’Afrique : en termes de Démocratie, de politique éducative et sanitaire. Le taux de scolarisation atteint 90%, les soins deviennent gratuits, des routes sont construites à travers tout le pays. La ZANU-PF apporte son soutien à la lutte de l’African National Congress (ANC) contre l’apartheid en Afrique du Sud. Cependant un problème central demeurait : la question de la redistribution des terres aux africains. Pendant la conférence de Lancaster House, le Royaume Uni avait imposé comme condition d’accès à l’indépendance, l’acceptation de l’inamovibilité des privilèges blancs pendant dix ans.

Ces accords prévoyaient une restitution des terres aux africains sur la base du volontariat (« willing buyer », « willing seller ») et sous le financement britannique pour « dédommager » les colons blancs. En d’autres termes, ce n’est que quand un fermier blanc consent à vendre sa terre – au prix estimé par les deux parties – que l’état zimbabwéen peut racheter cette terre pour la redistribuer aux africains, le Royaume Uni s’étant engagé à payer la moitié des frais. Comme il fallait s’y attendre cette redistribution fut lente jusqu’à l’expiration de ces accords en 1992. Sous la pression de l’ANC, Mugabe ralentit la réforme agraire pour ne pas heurter la sensibilité des blancs sud africains qui pourraient alors résister davantage à la fin de l’apartheid.

9. Le Royaume Uni refuse alors de signer d’autres accords de redistribution des terres alors que les vétérans de la ZANU-PF s’impatientaient en raison de la crise économique des années 1990. Le FMI se propose alors d’aider le pays à résoudre cette crise. Le Zimbabwe s’embarque dans un programme d’ajustement structurel dont on a mesuré plus tard les ravages sur les économies de tous les pays africains qui l’ont appliqué. Le FMI contraint l’État à privatiser ses entreprises, à se désengager de l’éducation, et de la santé. Il impose une dévaluation de la monnaie zimbabwéenne. Le taux de scolarisation chute de 20% et les frais de soins augmentent de 150% (Koudou, 2008). Le taux de chômage s’accroit de manière continue et le pouvoir d’achat des travailleurs décline, grossissant le rang des mécontents dont bon nombre de militants syndicaux dirigés entre autres par Morgan Tsvangirai. Devant l’échec et le chantage de cette institution financière notamment sur les politiques internes en matière de santé, d’éducation, de politique agricole, Mugabe rompt définitivement ses liens avec cette institution en 1999.

Face aux pressions du Zimbabwe pour que le Royaume Uni respecte ses engagements de financer la réforme agraire, principale raison de la lutte pour la libération, la secrétaire d’état au développement international du gouvernement britannique, Clare Short écrit en 1997 la lettre qui allait empirer les choses. « Nous ne pensons pas que notre pays ait une responsabilité particulière dans le financement de l’achat des terres au Zimbabwe. Nous faisons partie d’un nouveau gouvernement, qui n’a aucun lien avec d’anciens intérêts coloniaux. Je suis d’origine irlandaise et, comme vous le savez, nous sommes des colonisés et non des colonisateurs » (McGreal, 2008), affirme t-elle. Un raisonnement des plus cyniques selon lequel l’État britannique n’aurait plus de responsabilité vis-à-vis de ses actions passées et qui ferait passer l’idée selon laquelle, le passé c’est le passé, tout le monde a déjà été colonisateur ou colonisé, il faudrait laisser les choses en l’état, ignorant au passage le principe de continuité de l’État.

Tsvangirai et le MDC ''proches'' des forces étrangères ?

[ Clare Short ]

Ce que ce type de raisonnement ignore, c’est que les irlandais ne furent pas massacrés et confinés dans des « réserves » comme ce fut le cas au Zimbabwe, sans oublier le fait que le cas du Zimbabwe relève plus du présent que du passé. S’il fallait entériner la règle du plus fort alors on n’aurait plus à se plaindre que les terres soient retirées par la force des mains des anciens colons par l’État zimbabwéen. Dans une trentaine d’année, cela aussi relèverait de l’histoire. Le Président Mugabe ne pouvant accepter cet argumentaire léger, il prit ses responsabilités, ce qui allait provoquer sa mise en index par la grande Bretagne et ses alliés. Le "crime" de Mugabe et la naissance de la crise.

10. Au cours des dix premières années ayant suivi les indépendances, pendant lesquelles Président Mugabe fut contraint par les accords de Lancaster House à renoncer à la réforme agraire, le Zimbabwe était reconnu comme un exemple de Démocratie par les observateurs électoraux occidentaux. Le succès électoral de la ZANU-PF était sans partage, dû à sa popularité résultant de la lutte pour la libération. Au début des années 1990, quand la première réforme agraire fut enclenchée, le Zimbabwe se mua tout d’un coup en dictature au vu des occidentaux comme par hasard. Au cours de ces années, avec le début de la réforme agraire et la crise économique, les mécontents deviennent nombreux et hétéroclites au sein du pays :

il y avait d’une part les Blancs mécontents de perdre leurs privilèges datant de l’époque colonial et d’autre part les africains frappés par la crise économique dopée par les manœuvres du système international aux intérêts contrariés. Tous ces mécontents se regroupèrent autour de la NCA (National Constitutional Assembly), organisme de la société civil financé majoritairement par les États-Unis d’Amérique (USA) (Sithole, 2001). La NCA fut le principal acteur responsable de l’échec électoral de Mugabe en 2000, lors du référendum qui aurait permis l’adoption de la Land Appropriation Act, nouveau code foncier autorisant la redistribution de la terre aux africains. Malgré cet échec de La ZANU-PF lors du référendum, les médias et les gouvernements occidentaux continuèrent le travail de diabolisation de Mugabe en dépeignant son pouvoir comme une dictature, mais ils ne sont pas à une contradiction près.

11. Pour jouer à visage découvert sur le terrain politique, la NCA donna naissance au MDC (Movement for Democratic Change) dirigé par Morgan Tsvangirai, ancien dirigeant de la NCA et du syndicat des travailleurs miniers de l’Associated Mine Workers Union puis de la Zimbawe Congress of Trade Unions. Ce nouveau parti eut du succès, bien plus à cause de l’opposition à Mugabe que de son programme politique qui prônait la libéralisation des entreprises et des services publics l’ouverture des frontières économiques et la diminution du contrôle des prix et du nombre des agents de l’État. Il remporta 50 des 127 députés élus au parlement en 2002. Les USA et l’UK (Royaume Uni) qui voulaient coûte que coûte se débarrasser de Mugabe apportèrent leurs soutiens logistiques et financiers à ce nouveau parti.

Un responsable américain cité par le journal The Guardian affirmait que : « Le gouvernement des USA voulait faire partir le Président Robert Mugabe du pouvoir et qu’il travaillait avec l’opposition zimbabwéenne pour apporter ce changement d’administration » (Ayinde, 2007 ; McGreal, 2008) ; tandis que le Premier ministre britannique Tony Blair affirmait : « nous travaillons étroitement avec le MDC sur les mesures que nous devons prendre par rapport au Zimbabwe ». Tant pis pour la souveraineté du Zimbabwe. Tout ceci témoigne du degré de proximité du MDC avec les forces extérieures au Zimbabwe dans le but de passer outre la souveraineté et les intérêts du peuple Zimbabwéen pour servir des intérêts à peine dissimulés.

[ Morgan Tsvangirai en compagnie de son bras droit ]

12. Malgré ces soutiens divers, le MDC n’arriva pas à s’emparer du pouvoir par voie démocratique. Vinrent alors les tentatives de conquêtes par la violence. Dans une interview à la BBC, Tsvangirai affirma ceci : “ Ce que nous voudrions dire à Mugabe est : partez du pouvoir pacifiquement. Si vous ne le faites pas, nous vous ferons partir violemment ». Ayant échoué à le faire partir par les urnes en 2000, il essaya de mettre ses menaces à exécution. En 2001, une cassette vidéo montra Tsvangirai en entretien avec le directeur d’une firme de mercenaires – connu pour leurs liens avec les services d’espionnage extérieurs (CIA, MI6, etc.) – où ce dernier affirma : « nous allons implémenter un plan qui mettrait en place un gouvernement de transition après la fin de Mugabe, …, nous avons besoin d’un engagement clair, précis et d’une requête de notre participation dans la mise en œuvre de ce plan ».

Tsvangirai répondit : « Je suis d’accord » (Stone, 2007). Ces éléments le conduisent devant une cour de justice. Malgré tout ce faisceau de présomption, les occidentaux crièrent une fois de plus à la manipulation et à l’acharnement d’une justice acquise au pouvoir sur un leader de l’opposition. Notons au passage que dans n’importe quel pays occidental une telle compromission mettrait fin à la carrière politique de n’importe quel homme politique. Il fut relâché au profit du doute, démentant du même coup les accusations des occidentaux mais ils ne s’y attardèrent pas. Par ailleurs, le soutien actif des fermiers blancs au MDC ne fut jamais caché : à plusieurs reprises la télé zimbabwéenne montra sur ses écrans des chèques signés par des fermiers blancs au profit du MDC.


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