par Prof. Bilolo Mubabinge/Munich
Israel est nommée « La Terre Sainte ». Mais savez-vous que CiKam ou Egypte était nommée « La Terre Très Sainte » ou …erotáth cèra, placée au cœur, au centre du monde (gÁ)[1][1] et que Horapollon confirme cette donnée en ajoutant que CiKam est au « milieu de la terre habitée » (msh tÁ okoumnhj)[2][2]? Savez-vous que Pseudo-Apulée présente Cikam comme « le temple du monde entier » et comme « le reflet du ciel »[3][3]. Les Écrits de l’Égypte sont « très saints » et « très divins ». Ils sont non seulement les « paroles / écrits de Dieu », mais « Paroles de Dieu-Très-Divin » (Ntr-ntry).
Savez-vous que CiKam ou BuKam était aussi appelé T3-Mry « La Terre-Aimée (de Dieu) », ou pour y ajouter les connotations sémantiques luba « Terre de la Rectitude, de la Justice, de la Vérité » (Dya-Malelela ; Cyamalela) et « Terre de l’Amour, de l’Amitié et de la Fraternité » (Dya-Malela / Dya-Malanda) ? Enfin, savez-vous que l’Afrique Sud-Saharienne, appelée Ethiopie, nom provenant probablement de Cypya, Cipye[4][4], nom signifiant : (1) « La Nouveauté, Terre Nouvelle », (2) «Ce qui est mûr, Terre de la maturité (spirituelle et humaine)», (3) « Ce qui est bien cuit, bien cuisiné » et (4) « Corde à Trois fils, Terre de la Trinité », était pour les Grecs la « Terre des dieux », le « Royaume Divin » ? Ne pensez-vous pas que ces noms sont révélateurs de l’Identité Spirituelle Africaine et du rapport entre Dieu et l’Afrique ? Je rends hommage à Bimwenyi Kweshi en lui rappelant quelques témoignages antiques sur les « Saintes Doctrines » Philosophiques et Théologiques de « La Terre Très-Sainte », extraits des « Ecrits et Paroles Très Divins », mieux Extraits de la « Parole de Dieu » (Mdw-Ntr), qu’il nous avait présentées sous leurs formes actuelles, encore vivantes en Afrique Centrale ou dans l’univers dit Bantu.La Théologie Bantu ne date pas d’aujourd’hui. Elle date de l’Antique-Terre-Très-Sainte, de …erotáth cèra, ou pour parler ancien égyptien, de CiKam-CiKulu ou de Bukama-buKulu[5][5]. C’est une Théologie Écrite. Le fait que les générations postérieures récitent de mémoire les écrits de leurs ancêtres ne fait pas de la théologie ainsi récitée, une théologie orale. C’est l’approche ahistorique de la Pensée Négro-Africaine ou de la Pensée Bantu qui crée l’illusion de l’oralité.La Religion Africaine est la Mère du Livre et de l’Écriture. L’expression Théologie est presque synonyme de l’Ecriture-Sacrée, du Livre-Sacré, car ce que les Égyptiens (BaKame, Ben-a-Bukama, Ben-a-Cikam) appellent Mdw-Ntr, en Luba : Madw-a-Ndelu, Madw-a-Mfidi, n’est pas seulement « Parole », « Enseignement », « Lehre », « Lwaku » ou « Logos », mais c’est aussi et surtout « Écriture ». C’est pourquoi mdw-ntr est rendu primo par « Écriture-Sacrée », « Écriture-Sainte », « Écrits de Dieu » ou « Hiéro-Glyphes » et secundo, par « Parole de Dieu », « Gotteslehre » ou « Théologie ».Ainsi les vrais fondements historiques du Discours Théologique Négro-Africain ne se réduisent pas à la Théologie Africaine Non-Chrétienne ou Non-Islamique de notre ère, mais ils s’enracinent surtout dans la Théologie de CiKam (Km..t) cya Nkumu (@m), cya CiKomo, alias Égypte Pharaonique. La Théologie Bantu ou la Théologie Négro-Africaine est écrite depuis le début de l’an 3000 avant Jésus-Christ. C’est une Théologie de la Bible, au sens de Biblos, donc du Papyrus égyptien. Le vocabulaire de l’écriture et de ses supports est africain. La plupart des clairières métaphysiques ou théologiques pharaoniques et bantu sont attestées dans les sources gréco-romaines de l’Histoire (de la Pensée) Africaine. Je me conterai ici des témoignages de Plutarque, en me limitant aux données relatives à l’Ontologie et à la Théologie Négative. Mais je rappelle que j’ai déjà illustré la véracité de cette donnée dans mon étude sur Plotin. Il existe plusieurs études sur Plutarque, mais leurs auteurs ne remplissent pas le critère élémentaire d’appréciation des témoignages sur l’Égypte et l’Éthiopie. Ce critère est la connaissance approfondie des textes égyptiens et de la philosophie ou théologie pharaonique. Pour juger la pertinence ou la justesse des données d’un auteur antique sur la Pensée Égyptienne ou Éthiopienne, il faut nécessairement approfondir l’histoire africaine et se spécialiser en Histoire des Religions Égypto-Nubiennes. Ce critère, je le remplis. Je remplis aussi d’autres critères traditionnels: connaissances grécologiques (ex. ancien grec, philosophie grecque) et connaissance des problématiques philosophico-théologiques modernes. Ainsi, j’apprécie les témoignages grecs en connaissance de causes. Je ne fais pas appel à des prémisses herméneutiques dévalorisantes qui cachent l’incompétence des interprètes en la transposant sur l’objet interprété.Nous n'examinons pas toutes les données de Plutarque sur l’Égypte, mais plutôt celles relatives à la signification théologique du nom "Amoun", à celle du nom de « Neith » ou aux épithètes de Sha-et-Ma-Ntu « Père-et-Mère de l’Être », sans oublier la notion du Bien, l’Être-Bon ou de l’Être-Parfait (Wnn-Nfr), associée au rôle d’Osiris et d’Isis. Ces données, corroborées par les textes égyptiens de l’Ancien-, du Moyen- et du Nouvel-Empires, prouvent de façon contraignante que les premières tentatives historiques de l’histoire des idées philosophiques comptent l’Ontologie, la Théologie Négative et l'Hénologie (Pensée de l’Un) parmi les apports essentiels de la Pensée Pharaonique dans l’Histoire. Nous avions déjà mis en évidence, dans notre étude sur Les Fondements Thébains de l’Hénologie de Plotin l’Égyptien, une série des affinités thématiques, thétiques et stylistiques entre Plotin et les auteurs thébains et démontré sur base d’une approche synoptique des Ennéades de Plotin et des Hymnes Philosophico-Théologiques du Nouvel Empire (vers -1600/-1200) que les thèses plotiniennes sur l’Un constituent une sorte de prélude à l'étude de l'Hénologie Thébaine du Nouvel Empire et de la Période Ramesside.
Notes:
[1][1] Cité selon S. MORENZ, La religion égyptienne. Essai d’interprétation. Traduit de l’allemand par J. Jospin, Paris, 1962, 2ème éd. 1977, p. 73. La version allemande est de 1960. L’auteur renvoie à STOBEE I, 49, 45 (= I, p. 412 WACHSMUTH).
[2][2] Cité selon S. MORENZ, op.cit., p. 73 avec référence à Fr. SBORDONE, Hori Apollinis Hieroglyphica, p. 64.
[3][3] Cité selon S. MORENZ, op.cit., p. 73, avec référence (note 4) à T. HOPFNER, Fontes, p. 620. J’utilise fréquemment cet instrument de travail des données antiques (gréco-romaines) sur l’Egypte. T. HOPFNER, Fontes historiae religionis aegyptiacae. 5 tomes, Bonn, 1922-1925. Pour les exercices de l’ancien grec et du latin, les Ministères de l’Éducation en Afrique devraient imposer cette collection des textes antiques sur l’Afrique. Les élèves et les étudiants devraient étudier ce que les Grecs et les Latins ont laissé comme témoignages sur l’Afrique.
[4][4] Une variante de ciLuba du côté de Kabinda-Manyema et Tanganyika-Kivu, appelée kiSongye, et les autres variantes comme Luganda, mettent un A-, E-, O- ou I- au début du nom. Par exemple : Fidi/mFidi > Efile (en Songye), Sanga > Esanga, Disu/ Riso > Eriso, Cupa > Ecupa, muci/muti/mici > omuti / emiti, miBidi/miBiri > emiBiri (en Luganda). Le ciLuba de la Luluwa a conservé plutôt dans sa version archaique, le i- : mbaadi > i-mbaadi. Mais l’usage fréquent de i- est caractéristique de Kinyarwanda, de Kirundi, de Chewa, etc. Ainsi, on n’a pas besoin de conjectures sur l’origine grecque, pour expliquer le mot Ecyopie ou E-Tshiopia. Le mot –Pia a le sens de « neuf, nouveau » et de « bien mûr » dans la plupart des langues bantu. C’est un terme du Proto-Bantu.
[5][5] L’Égypte s’appelle en égyptien: CiKam (Km.t) ou BuKam. J’ai ajouté –Kulu « Ancien », car CiKam et BuKam sont des noms de villages et de Villes au Congo. Qu’on songe ici à CIKAMA à Mbuji-Mayi ou à la ville de BUKAMA, ancienne capitale Luba, dans le Katanga.
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