Du Mythe biblique d’une Égypte esclavagiste aux Clichés tenaces d’une Afrique Dévoreuse de ses Enfants: La levée d’équivoques persistantes
Du Mythe
biblique d’une Égypte esclavagiste aux Clichés tenaces d’une Afrique Dévoreuse
de ses Enfants: La levée d’équivoques persistantes
Par Senibnefer Tchucham
« Tant que les lions
n’auront pas leurs propres griots, les histoires de chasse
raconteront toujours les prouesses des chasseurs. »
« Il est
indécent de bêler à la place de la chèvre quand celle-ci est présente. »
Introduction
Dans le cadre d’un débat sur un
forum de journalistes africains (Cameroonpolitics), la problématique de la
construction des Pyramides en Égypte antique par des esclaves a été posée. Un
contributeur, le Journaliste Serge Banyogen, a notamment avancé l’argument
suivant:
„À propos de l’Égypte
et de l’Égyptologie, je voudrais simplement faire une petite remarque: Tout le
monde dans l’Egypte antique n’était pas pharaon. Alors oui peut-être nos
ancêtres viennent d’Égypte mais çà depend. S’ils étaient des pharaons
ou les membres de l’élite dirigeante c’est-à-dire moins de 3% de toute la
population alors c’est bien mais il y a des fortes chances que nos ancêtres
égyptiens aient été surtout la grandes masses de ceux qui étaient réduits à
l’esclavage et dont la principale tâche consistait à transporter à forces de
bras au rythme du fouet les lourdes pierres servant à construire les
pyramides. Mais je crois que Bonaventure s’y connait mieux“.
C’est en réponse à cet argument,
et parce que j’ai été nommément interpellé, que j’ai cru devoir réagir par le
texte ci-dessous, cependant sans polémique, et tout à fait sur le ton de la
causerie. Pour autant, je ne m’en montre pas moins soucieux de l’objectivité
scientifique en par la recherche de preuves solides et le renvoi à mes sources.
Les vidéos sur le net étant de nos jours des instruments pédagogiques non
négligeables lorsqu’ils sont scientifiquement fondés, on en trouvera un nombre
important dans mon texte, à côté des sources livresques. Chacun pourra ainsi,
au-delà de mes avis profanes, élargir au besoin son enquête auprès des
spécialistes cités ici.
Serge, mon très cher
Frère,
voilà une approche que je trouve
constructive puisque tu relances la discussion en m’interpelant, quoique
je ne sois sans doute pas la bonne personne. En effet je ne suis pas
égyptologue, mais la question m’intéresse beaucoup, alors je m’instruis. Voyons
ce qu’il en est!
De prime abord tu véhicules des
idées reçues et instillées par une certaine école d’égyptologie occidentale,
pour brouiller les cartes sur un point du débat résolu depuis longtemps et
scientifiquement acquis, comme nous allons le voir plus bas. Cette école,
orientaliste à souahait et très prospère persiste à vouloir faire venir les
Égyptiens de l’Orient, à vouloir arracher l’Égypte à l’Afrique et à expliquer
l’apparition de tout élément de civilisation en Afrique par l’arrivée d’un
élément blanc, attendu que les Noirs n’ont jamais été capables de créer une
civilisation. D’ailleurs, Sakorzy a démontré, non sans un obscur éclat, que
„l’homme africain n’était pas assez entré dans l’histoire“, alors la cause est
entendue, du moins semble-t-il.
Mais je veux d’abord examiner la
question de l’origine de nos Ancêtres, avant de m’atteller à répondre au grief
pris de la mise en esclavage prétendue de ces derniers par les Égyptiens. Je me
pencherai enfin sur une affaire incidente, liée aux deux premières. Mais avant
tout, éliminons ici, pour ne plus y revenir, deux points qui ne méritent pas
qu’on s’y attarde si peu que ce soit: le premier est que tout le monde ne
pouvait pas être Pharaon, et je ne sais pas où tu as lu un tel argument. En
second lieu, le fait que le Savoir était cantonné au niveau de l’élite a une
autre explication, qui n’a rien à voir avec le statut des personnes.
1. D’où venaient nos
Ancêtres, d’Égypte ou d’ailleurs?
Aux débuts de l’égyptologie, les
Occide ntaux voulurent imposer l’idée d’une Égypte détachée de l’Afrique et
totalement étrangère à la population noire de ce continent. Toute l’érudition
occidentale déploya des trésors d’imagination pour établir cette thèse.
Champollion-Figeac, Cherubini, Marius Fontane, pour ne citer que quelques-uns,
tous sacrifièrent à la tradition. Mal leur en a pris, car Cheick Anta Diop a,
de façon magistrale, démonté pour la postérité toutes ces opinions certes
fondées idéologiquement, mais insusceptibles de prospérer sur le terrain scientifique
(Cheikh Anta Diop, Nations Nègres et Culture, Ed. Présence
Africaine, 1954, 1979, pp. 59ss). Néanmoins, cette tradition allait être remise
au goût du jour au début de l’invasion impérialiste occidentale au XIXe siècle
en Afrique, lorsque les envahisseurs tentaient de légitimer leurs forfaits. Ils
recoururent aux arguments les plus fantaisistes et les plus cavaliers. Au-delà
du prétexte inénarrable du „fardeau de l’homme blanc“ (sic) de
répandre la „civilsation“ parmi les „peuplades barbares“, on
voulut même imposer à l’opinion mondiale l’idée que de toutes façons le Noir
n’était guère un indigène d’Afrique et qu’il venait d’ailleurs, en particulier
de l’Orient, fidèle en cela avec le récit biblique qui place le berceau de
l’Humanité en Asie, ce qui évidemment est faux! On prétendit que le Noir à
grande taille avait trouvé en arrivant en Afrique le véritable autochtone
de ce continent, le pygmée, et qu’il avait chassé et acculé ce dernier à vivre
en forêt et pris sa place. Par conséquent, la loi du plus fort étant le ressort
occidental de conception de la vie, il n’y avait rien de plus normal à ce que
que le Blanc use de même à l’égard du Noir, techniquement moins avancé,
c’est-à-dire plus faible! (Cheikh Anta Diop, Nations Nègres,
op.cit.; L’Afrique Noire précoloniale, Ed. Présence Africaine,
1960,1987, pp. 201ss).
La plupart des gens qui lisent
l’Histoire de l’Afrique dans les ouvrages occidentaux se sentent un peu perdu
et sont persuadés que les faits qui y sont rapportés se perdent dans la nuit
des temps et qu’il en a toujours été ainsi dans cette partie du
monde. C’est pourquoi lorsqu’on parle de l’Égypte antique ou de l’Afrique
d’un point de vue historique, il est capital de déterminer la chronologie des
évènements, et de savoir à quelle période on se place pour situer tel ou tel
évènement.
a) Brève présentation de
l’Évolution de l’Humanité actuelle
Dans Civilisation ou
Barbarie Cheick Anta Diop donne un tableau synoptique assez précis de
l’Histoire de l’évolution de l’Humanité en général et de l’Afrique, je veux
dire du Peuple Noir, en particulier ((Ed. Présence Africaine, 1981, p. 37). Il
ressort de ce tableau:
- que la vie est apparue sous
forme embryonnaire il y a 3,5 milliards d’années;
- qu’à -14.000.000 d’années, une
première population de singes est apparue;
- qu’à -5,5.000.000 d’années, il
y eut diverses variétés d’Australopithèques;
- qu’entre -150.000 et -130.000
ans, le premier Homo sapiens sapiens négroïde apparaîtra.
Encore à cette période, le reste
de la terre est vide, tout ce processus d’évolution se déroule en Afrique, sous
la latitude du Kenya.
À partir de -40.000, toujours
d’après ce tableau donné par C.A. Diop sur la base des connaissances alors
admises, et qui se sont consolidées avec le temps jusqu’à devenir une certitude
à nos jours, une première population de Noirs appélés Aurignaciens émigreront
vers ce qui est connu aujourd’hui comme l’Europe (dérivé du nom de la fille
d’un Prêtre égyptien noir) alors sous l’effet de ce qu’on appelle deuxième
glaciation würmienne (froid excessif). Après une longue période d’adaptation
pendant ces Aurignaciens introduiront une civilisation du même nom en Europe,
apparaîtra le tout premier Cro Magnon (Leucoderme Ancêtre du Blanc actuel) vers
-20.000 ans en France méridionale, et, dans le même espace géographique,
apparaîtra vers -15.000 celui qu’on appelle l’homme de Chancellade, Ancêtre
probable de la race jaune.
le Pr Coovi Gomez nous donne ici
un résumé magistral de cette évolution du Grimaldien en Europe:
La différenciation raciale
s’opère donc ainsi en Europe, étant entendu que jusqu’alors le Monde n’était
peuplé que de Noirs. Dans cette vidéo ci-dessous, C.A. Diop affirme même que,
si les Africains n’avaient pas émigré vers d’autres berceaux, toute l’Humanité
connue serait noire et résiderait en Afrique !
Dans l’intervalle, sur le
continent, une civilisation florissante se sera développée qui durera dix mille
ans, depuis Nagada (-9000 ans), la première cité urbaine de l’histoire humaine
au sud de l’actuel Soudan, à la mise à sac de la ville de Thèbes par les
Assyriens en -663, jusqu’à l’occupation arabe (+639 à +711)[1], en passant par
celle de Cambyse II (-525 à -332), Alexandre le Grand (-332 à -31), des romains
(-31 à +639). Mille ans d’occupation ininterrompue qui conduiront, dit Cheick
Anta Diop, au déclin définitif et à l’abrutissement du monde noir, à sa
désintégration et aux migrations!!! Et pourtant, jusqu’en -1300, à quelques
exceptions près, aucun Blanc n’avait encore pénétré en Égypte. Mais qui étaient
donc les Égyptiens?
b) Qui étaient les
Égyptiens?
Sur ce sujet, l’école occidentale
n’aura pas manqué à sa tradition de rechercher les causes d’un phénomène
partout dans l’univers, sauf dans le lieu le plus probable de sa production.
Ainsi, les hypothèses les plus abracadabrantes ont été échafaudées, et on
a pu affirmer que les Égyptiens étaient des Chamites, des Orientaux, voire des
Blancs à peau… noire, mais, ironise Cheikh Anta Diop, jamais des Noirs à
peau noire (Nations nègres, op. cit.). Ce Savant affirme de
manière claire et nette que toute discussion sur ce point relève de la pure
spéculation et de l’idéologie des écoles orientalistes et non du débat
scientifique, car il a démontré à suffisance l’origine nègre de la civilisation
égyptienne: Lien-VIDEO,
aussi bien dans l’ouvrage cité ci-dessus, que dans Antériorité des
civilisations nègres, dans Civilsation ou Barbarie, mais surtout, lors du
fameux colloque du Caire de 1974 pendant lequel, accompagné seulement de son
Disciple le Pr Théophile Obenga, il fit prévaloir ses thèses sur ce point en
particulier devant le gotha mondial des maîtres de l’Égyptologie:
2. Lien-VIDEO
Dans l’ouvrage L’Afrique
Noire précoloniale que j’ai déjà cité ci-dessus, le Pr Cheick Anta
Diop consacre le Chapitre trois à la démonstration de l’origine des peuples
africains actuels, et il apparaît que nous venons tous de la vallée du Nil à la
suite des migrations qui suivirent l’effondrement du grand empire égyptien (
op.cit., pp. 201ss). Je tiens à signaler également l’ouvrage très remarquable
de Chancellor Williams, The Destruction of Black Civilization,
résultat de vingt années de recherches, et qu’on peut à juste titre considérer
comme un récit circonstancié de cette tragédie unique en son genre (Destruction
of Black Civilization : Great Issues of a Race from 4500 B.C to 2000 A.D, 1987). C’est une
thèse qui aujourd’hui est moins sujette à caution, établie scientifiquement
grâce aux nombreuses productions de chercheurs africains, en particulier dans
le domaine linguistique et religieux, montrant la parenté pour ainsi dire
génétique existant entre l’Afrique actuelle et l’Égypte antique (Mumbabingue
Bilolo, Aboubacry Moussa Lam, Babacar Sall, Grégoire Biyogo, Coovi Gomez,
Théophile Obenga, Kalamba Nsapo, etc, et bien entendu Cheick Anta Diop)! Le cou
est ainsi définitivement tordu à l’idée que nous viendrions d’ailleurs. Mieux:
nous formions le peuple égyptien! (cf. C.A. Diop in Nations nègres
(pp. 35ss), qui cite le témoignage des Anciens tels que Hérodote, Diodore de
Sicile, Strabon, tous témoins oculaires ainsi que du grand Savant français
Volney; mais aussi le témoignage de Dominique Vivant Denon, dessinateur de
Napoléon Bonaparte pendant l’expédition d’Égypte de 1798-1801). Cela
conduit à se demander de quel statut nous y jouissions!
2. Nos
Ancêtres étaient-ils des esclaves en Égypte?
a) Leur statut en Égypte
Pour répondre directement à ta
question, l’Égypte elle-même n’est qu’une fille tardive de la Nubie. Ce sont les Rois
Scorpions (de la Nubie,
ou actuel Soudan, cf. Nations Nègres, pp. 72ss), qui
développeront d’abord les prémisses de la Civilisation qui va
s’épanouir en Égypte à la faveur des efforts pour dompter les crues du Nil (cf.
l’excellent Manuel d’études des Humanités Classiques Africaines
de Jean-Philippe Omotunde, Ed. Menaibuc, 2007). La Vallée du Nil est reconnue
par tous les égyptologues sérieux comme le premier foyer connu de la
civilisation humaine. Cette vallée, comme l’explique le Pr Mubambingue Bilolo
s’étend de la latitude du Kenya jusqu’à la region du Delta sur une superficie
d’au moins deux millions de Km2: Lien-VIDEO
Et nos Ancêtres, dans cette région, étaient bien plutôt des hommes libres que
des esclaves. Les Occidentaux présentent volontiers des bas reliefs de Nubiens
capturés pour arguer sur le statut des Noirs en Égypte antique, affirmant
qu’ils y étaient des esclaves. Mais Cheick Anta Diop fait remarquer qu’il y a
eu une époque de conflit entre l’Égypte et la Nubie pendant laquelle des Nubiens étaient en
effet capturés, ce qui ne veut pas dire qu’ils étaient des esclaves (Nations
Nègres, pp. 108, 114ss). En revanche, à la page 115, on peut voir exactement à
quoi ressemblaient des prisonniers leucodermes (ils ont les bras liés dans le
dos).
b) La construction des
Pyramides
Mais pour insister sur la
problématique tant débattue de l’esclavage qui aurait été pratiqué en Égypte
lors de la construction des Pyramides, il convient de savoir tout d’abord de
s’interroger sur l’origine de cette accusation, et ensuite d’examiner si les
Égyptiens ont pu construire leurs pyramides en se servant d’hommes noirs
assujettis par l’esclavage.
- Sur le premier point
Comme le fait remarquer fort
justement Monsieur le Pr Bwemba Bong, l’idée de Pyramides construites par des
esclaves a été amenée par le Judaïsme biblique, mettant en avant
l’asservissement des Juifs dans la fabrication des briques pour le Pharaon.
Mais il ajoute qu’au moment où ceux qu’on appelle les Juifs arrivent en Égypte,
on ne construit déjà plus de Pyramides. En effet, les Sémites dont les Juifs
sont une branche (l’autre branche étant les arabes) n’existent pas encore dans
l’histoire en -5.000 ans, le premier Juif connu étant Sargon Ier d’Akkad, en
-2.400. Les Juifs étaient des Akkadiens parlant l’akkadien (le hébreu naîtra
plus tard), et ABRAHAM leur Ancêtre éponyme ne s’appelait guère Abraham en
arrivant en Égypte, mais Ben Tera (Fils de Tera). Ce n’est qu’après son
inititation aux rites égyptiens par Melchisédek (Prêtre égyptien noir) qu’il
sera baptisé par ce dernier ABRAHAM, qui signfie en égyptien Ib (Coeur) Ra (le
Dieu Ra) et Him = Le Dieu Ra est dans le Coeur de cet Initié. Soit dit en
passant, d’après le Pr Jean-Charles Coovi Gomez, il n’existe pas de racine
sémitique de ce nom dans la langue hébraïque elle-même:
Lien-VIDEO
Oui, je sais, je sais, tu
affirmais que ce sont nos Ancêtres qui auraient été mis en esclavage dans la
construction des oeuvres les plus remarquables que des hommes aient jamais
bâti, et qui demeurent une gifle insupportable à l’orgueil scientifique
occidental, eurocentriste et nombriliste, voulant toujours, à quelques
exceptions près, revendiquer pour lui seul ce qu’il y a de mieux dans
l’Humanité (ainsi Martin Bernal a écrit Black Athena, mais il s’est vu tombé
dessus à bras racourcis par Mary Leskovitch et les sacrificateurs pointilleux
de l’orthodoxie orientaliste). Toutes les tentatives occidentales ou
orientales d’élever des pyramides ont résulté en un cuisant échec (la dernière
tentative malheureuse a eu lieu dans le désert du Mexique, celle du Japon ayant
aussi échoué), mais leurs savants ont pris d’assaut l’Égypte, fondés des
instituts pluridisciplinaires, et travaillent chaque jour sans relâche à percer
le mystère des Pyramides et des Sphynx, qui les regardent amusés, avec un
sourire narquois au coin des lèvres! Mais il n’y aura peut-être bientôt plus de
Pyramides ni de Sphynx, car les Frères Musulmant qui gagnent actuellement de
plus en plus en influence au sommet de l’État égyptien depuis la chute de
Moubarak, demandent la destruction des ces oeuvres „païennes“. Quand on voit ce
que les Salafistes financés par l’Arabie Saoudite et les familles princières du
Golf ont déjà fait au Nord du Mali dans l’indifférence sidérante d’une „Communauté
Internationale“ par ailleurs prompte à déstabiliser les „Hommes
Forts“ de l’Afrique, il y a lieu de se demander ce qu’il adviendra de ces
intentions islamistes pour l’instant encore timides! On voudra bien me
pardonner cette petite digression, mais „revenons à nos moutons“.
- Alors, après avoir
montré l’origine biblique de cette accusation d’esclavage, il faut répondre à
la question: nos Ancêtres furent-ils esclaves en Égypte?
Jean-François Champollion,
le Père de l’Égyptologie, encore appelé Champollion le Jeune (à ne pas
confondre avec son frère Champollion-Figeac le falsificateur), a relevé un
tableau sur lequel les Égyptiens représentaient pour la postérité les Races
connues de leur époque. Quiconque a jamais tenu l’Oeuvre Fondamentale du Grand
Savant Cheick Anta Diop Nations Nègres et Cultures dans ses
mains, connaît ce tableau. Les Égyptiens s’y représentent semblables à tous les
naturels de l’Afrique (selon le bon mot de Volney): LIEN
Aussi la question se pose-t-elle
de savoir si les Égyptiens, qui se tenaient eux-mêmes pour des Africains,
eussent pu mettre en esclavage leurs propres semblables?
Plusieurs arguments de poids
s’opposent à cette idée, d’ordre linguistique, éthique, voir de simple bon
sens.
Les Pr Théophile Obenga, Grégoire
Biyogo, Alfredo José Do Nascimento, Coovi Gomez et Bwemba Bong déjà cités,
avancent l’argument linguistique tout d’abord. Ainsi, il n’y aurait, dans la
langue des Pharaons, aucune expression désignant le statut d’esclave, mais bien
plutôt des statuts divers de dépendance renvoyant à des serviteurs attachés à
des maisons de nobles et qui étaient cependant libres de leurs mouvements; il y
avait aussi les étrangers appelés « Vivants blessés » en raison de la
douleur due à l’éloignement de leur patrie, et dont il fallait prendre soin; il
y avait enfin l’étranger que l’on désire à sa table, etc, mais rien qui
signifia esclave.
Il y a cependant un argument plus
décisif, c’est les Valeurs Cardinales de la Maât qui régissaient l’ordre de la société
Égyptienne et qui interdisaient d’abaisser l’homme et commandaient au contraire
de l’élever toujours vers une Dignité plus haute. Ces Valeurs –
Vérité/Justice/Harmonie/Stabilité – imposaient au Pharaon de
faire régner l’Ordre Cosmique sur le plan social, et étaient fondées
sur la Religion
égyptienne elle-même qui mettait Amon Ra (Dieu, Grand Architecte de l’Univers)
au centre de toutes choses et considérait donc, conformément au Vitalisme
africain, que Tout ce qui a souffle de Vie est une Manifestation du Divin.
Toute leur Cosmogonie explique à merveille cette conception (voir les travaux
de notre compatriote Dibombari Mbock:
http://www.youtube.com/watch?v=3-utt0dOefM). Cette conception explique pourquoi
l’Égypte ne fut jamais une puissance impérialiste (sauf sous Ramessou II et
Toutmesis III, mais seulement en état de légitime défense), pourquoi ils
développèrent sur le plan social tant d’Humanité, de solidarité, et ce sens de
l’hospitalité qui est devenu carrément proverbial chez-nous. Le Pr Jean-Charles
Coovi Gomez et le Mbombog Mbog Bassong ont apporté sur cette question des
réponses d’une pertinence qui se passe de commentaire.
Enfin, et pour ce qui du bon sens
le plus élémentaire, la philosophie même qui est à la base des Pyramides exclut
l’idée qu’elles aient pu être construites par des esclaves. Les Pyramides
étaient des Portes d’Éternité, par lesquelles les Égyptiens, qui étaient
tellement en avance sur le temps, recherchaient la Méta-Science, Science
des Sciences, qui permettrait aux hommes d’agir désormais, tels des dieux, par
la seule volonté, et non plus par les moyens limités du cerveau et des sens. On
a peine à s’imaginer quelle élévation morale, que éthique supérieure
gouvernèrent la vie de ces gens qui se nommaient eux-mêmes les Hommes
Véritables ou par Excellence, ou les Hommes Parfaits, ni avec quelle
abnégation, avec quel zèle ces hommes s’appliquaient à la Justice. Cette
pratique était, si je puis dire, la chair et le sang de leurs actions. Ils ont
développé une Science profonde dont les sociétés secrètes de nos jours ne sont
que la dénaturation et une pâle copie d’après C.A. Diop, ainsi en est-il de la Franc-macennerie
ou de la Rose-croix!
Il n’y a qu’à jeter un coup d’oeil au mystérieux livre intitulé Le Kybalion,
dont les Sept Principes sont attribués à celui que les Grecs appelèrent Hermès
Trismégiste, ou Trois fois Grand, mais qui n’est autre que l’Égyptien Djehuty
(le dieu Thot), pour comprendre de quoi il retourne ( LIEN ).
Bien entendu, je ne prétends pas que l’Égypte antique était peuplée du sommet à
la base d’ascètes et d’hermites marchant la tête dans les nuages et déconnectés
de nos terrestres réalités et que tout le monde s’embrassait sur la bouche! Il
y avait cependant une caste de Prêtres hautement consacrés aux choses de
l’esprit et à cette quête d’immortalité qui imposait beaucoup d’abnégation et
de sacrifices.
Qu’il me soit permis de signaler
un dernier argument qui me vient à l’esprit, et qui va sans doute réconcilier
tout le monde:
Des fouilles récentes ont mis au
jour les quartiers où vivaient les ouvriers employés à la construction des
Pyramides. Elles ont révélé leurs conditions de vie plutôt agréables (logement,
alimentation, soins); ils avaient un cimetière, et des inscriptions permettent
d’identifier les chefs des travaux. Mais surtout, dans une vidéo sur laquelle
je n’arrive malheureusement pas à mettre la main tout de suite, il est question
d’un discours du Pharaon Ramessou II (dont la forme grécisée est Ramsès II),
adressé aux ouvrier et exprimant son souci de s’assurer que cesderniers ne
manquent de rien, et leur témoignant sa sollicitude et sa volonté de maintenir
en leur faveur d’excellentes conditions de travail et de vie:
1: Lien-VIDEO
2: Lien-VIEDO
Si les Égyptiens ne pratiquaient
pas l’esclvage et si nous descendons d’eux, comment cette pratique s’est-elle
introduite jusqu’à s’établir en Afrique (à Kemet)?
3. Les Africains
vendaient-ils des esclaves?
L’accusation d’esclavage qui pèse
sur l’Égypte antique en rappelle une autre qui est véhiculée sur les Rois
Africains de la période de l’impérialisme occidental. Elle est même nourrie par
nombre d’Africains eux-mêmes, et notre Frère le célèbre écrivain Patrice
Nganang l’a même soutenue ici. Ce que l’on ignore généralement, et que le Pr
Bwemba Bong a abondamment expliqué, c’est l’action des phénomènes dits
dynamiques en histoire, et, par ailleurs, on s’interroge bien peu sur certains
faits massifs qui devraient appeler quelque circonspection à l’égard de ces
accusations dont le moins qu’on puisse dire est qu’elles manquent de fondement
historique.
a) Une explication
souvent ignorée: les phénomènes dynamiques
Ainsi, on ignore que les choses
se passèrent alors de la même manière dont elles se passent aujourd’hui. On a
vu comment Bob Dénard assassinat le Roi comorien et régna à sa place. De même,
les bagnards libérés en Europe, la racaille de cette société chargée d’aller
répandre la civilisation en Afrique (au grand étonnement d’Aimé Césaire, cf
Discours sur le Colonialisme), cette racaille, nous dit le Pr Bwemba Bong,
tuait les Chefs Noirs qui s’opposaient à leurs desiderata, et prenaient
carrément leur place. Quand on apprenait que des Chefs Africains vendaient des
esclaves, c’est de cela qu’il s’agissait: de Blancs usurpateurs vendant des
esclaves es qualité de chefs africains. Plus tard, comme c’est le cas
aujourd’hui encore (exemple patent: Côte-d’Ivoire), ces criminels allaient
mettre à leur place des hommes de paille, des collabos inconsistants et de
basse moralité qu’ils manipulaient, comme cela se passe dans toute entreprise
de domination (exemple: dans son exposé percutant dans la vidéo ci-dessus, le
Pr Gomez nous montre comment cela se passa en France sous l’occupation nazie).
Sous l’action de ce que le Pr Bwemba Bong appelle les „phénomènes dynamiques“
en histoire, avec le temps, on finit par dire: Les Noirs vendaient eux-mêmes
leurs enfants!
1: Lien-VIEDO
2: Lien-VIDEO
Il est par conséquent surprenant
que des gens sensés ne se posent pas quelques questions.
b) Des questions en
suspens
Traite négrière: cette expression
trompeuse, suppose comme le fait remarquer le Pr Gomez, „qu’en temps de
paix, et selon les lois de l’offre et de la demande, l’on vienne échanger des
biens contre d’autres biens.“ Mais alors, s’interroge-t-il à juste titre,
quelle nécessité y a-t-il donc à bâtir des fortesses de guerre comme celle de
l’île de Gorée dont la seule vue remplirait d’effroi même des guerriers
impavides? Quid des razzias auxquelles la chasse aux esclaves donnaient lieu?
Quid de tant de révoltes et des suicides d’esclaves? Lien-VIDEO
c) Des
faits massifs
l y a même mieux: Le Roi du
Congo, outré par la pratique de l’esclavage par les Portugais dans son royaume,
s’en plaignit à son Pair le Roi du Portugal, qui lui rétorqua que c’est parce
que ses sujets étaient des païens. Alors le Roi du Congo, en fin stratège
conscient du rapport de forces inégal, recouru à la ruse pour faire cesser cette
horreur. Dans sa tentative d’y mettre un terme, il se convertit au
Christianisme et prit le nom d’Alfonso, faisant de cette religion la religion
officielle de son royaume. De manière stratégique, il calculait ainsi que,
étant désormais chrétien, cette odieuse pratique cesserait contre son peuple,
conformément à la logique hypocrite de l’Occident chrétien. Mais comme les
razzia se poursuivaient, il exprima son indignation à son Pair, à quoi celui-ci
répondit par des menaces. On sait la suite: Alfonso essuya en pleine église une
tentative d’assassinat, et fut finalement tué par les Portugais! (cf vidéo du
Pr Bwemba ci-dessus).
De plus, le Pr Bwemba Bong attire
l’attention sur le fait suivant: l’école occidentale aime à gloser sur
l’esclavage en Afrique en se fixant au 18e siècle, faisant fi de la période
précédente qui a vu de nombreux rois Africains comme Béhanzin s’opposer
vigoureusement à cette pratique et la combattre vigoureusement. Jean-Philippe
Omotundé cite dans une vidéo que je ne retrouve malheureusement pas une lettre
d’un Roi Africain s’adressant à ses pairs occidentaux pour les prévenir qu’il
fera barrage à leurs entreprises de razzias d’esclaves par tous les moyens, il
comprit par la violence.
d) Une
Déclaration Universelle des Droits de l’Homme bien ancienne
On oublie enfin de signaler qu’au
XIe siècle déjà, en 1222, presqu’à l’époque où Jean Sansterre d’Angleterre
proclamait le habea corpus, la Confrérie des Chasseurs du Manden (une société
secrète), proclamait une Charte désormais célèbre et arrachée à l’oubli
(volontaire?) de l’érudition occidentale, pour être restituée à notre
méditation: Document-PDF
L’interdiction de/et la lutte
contre l’esclavage y sont inscrites en lettres d’or, pour ne pas dire en
lettres de feu, bien avant la
Déclaration „universerselle“ des droits de l’homme et du
citoyen française, dont-il faut dire qu’elle n’avait d’universel que le nom, sa
portée étant bien réduite au regard de la Constitution rédigée
par Toussaint Louverture le 8 janvier 1801 comme nous l’explique ici le Pr
Coovi Gomez: Lien-VIDEO, ce qui explique que Olympe de Gourge ait dû rédiger sa propre Déclaration des
Droits de la femme et de la citoyenne: Lien-WIKIPEDIA
Le lourd reproche d’avoir limité
sa portée à l’homme blanc ternira éternellement l’éclat de cette Déclaration
née des Lumières émanant de gens qui ont tous, presque sans exception (on pense
à Condorcet ou à Montaigne), préconisé les Ténèbres pour le reste de l’Humanité
non blanche (Montesquieu, Rousseau, Locke, Gobineau, Renan, Hugo, Kant, Hegel,
Aristote et j’en passe), et qui ont pu sans rougir, placer côte-à-côte et le
Code noir et le texte le plus brillant de leur Esprit.
Mais l’existence d’une telle
charte quatre cents ans avant le début officiel de la traite négrière occidentale
n’est-il pas la preuve même que l’esclavage existait déjà en Afrique longtemps
avant l’arrivée des Blancs? Faisons d’abord une nette distinction entre
l’esclavage et la traite négrière, le premier s’entendant du ravalement d’un
être humain à l’état de bien cheptel, la seconde étant le trafic, le commerce
des êtres humains. La pratique de l’esclavage fut introduite en Afrique par les
arabes qui conquirent l’Égypte en 639 de l’ère occidentale (Chancellor
Williams, Destruction of Black Civilization, op.cit.). Or même
au plus fort de la pratique de l’esclavage en Afrique, le statut de l’esclave
ne sera jamais comparable à celui qu’il connut sous la traite négrière
européenne (début officiel: en 1441, date du départ du premier bateau négrier
ironiquement baptisé JESUS pour la
Hollande) ou arabo-musulmane (dès 711), à savoir la condition
d’un homme réduit à la bête, ravalé à l’état de bien cheptel. En Afrique,
l’esclave pouvait même s’élever dans la société jusqu’au rang de Général
d’armée, voir de Premier ministre ou de Roi (op. cit., pp. 13, 90, 106, 146ss).
Une fois de plus, je renvois ici à l’Afrique précoloniale de Cheick Anta Diop,
qui n’a décidément rien laissé au hasard, consacrant chaque souffle de sa vie à
déployer son immense génie pour nous doter d’une source inépuisable
d’informations sur notre passé et sur nous nous-mêmes. Oeuvre Ô combien
grandiose, et qui vaut à ce Savant hors pair d’être classé au rang des Osiris
(par ses disciples, en particulier le Pr Obenga (in Cheikh Anta Diop, Volney et
le Sphynx), le Pr Coovi Gomez, Doumby Fakoly ou encore Le Mbombog Mbog
Bassong), c’est-à-dire au Panthéon des Ancêtres Bienfaiteurs divinisés, les
Nétérous du Peuple Noir!
Ainsi, contrairement aux
idées reçues, l’abolition de l’esclavage ne commence pas avec Victor
Schoelcher ou l’Abbé Grégoire, cette abolition fut entreprise dès les débuts de
l’ignominieuse machination par les Africains eux-mêmes. D’ailleurs, Haïti, la Première République
Noire Indépendante de l’Histoire de l’esclavage (sauf à préciser que l’Éthiopie
reste la seule nation noire qui n’a jamais été soumise durablement), abolira
l’esclavage au moment précis où l’église catholique participait à son isolement
auprès des „grandes puissances“ qui voulaient le prolongement de
l’asservissement. Ce n’est pas en soi surprenant quand on sait que c’est
l’église catholique qui par deux bulles papales, de 1454 (du pape Grégoire V)
et de 1494 (du pape Alexandre V) avait partagé le monde en attribuant les
Amériques au royaume d’Espagne et l’Afrique (Kamita) à celui du Portugal (Simon
Mougnol, in Décolonisation de l’Afrique ex-françcaise: enjeux pour la France et l’Afrique
d’aujourd’hui, voir sa remarquable contribution dans l’ouverture de cet ouvrage
collectif publié sous la direction d’Alexandre Gerbi, 2010).
C’est ainsi qu’Haïti,
indépendante depuis le 1er janvier 1804, devra attendre 1860 pour voir le
Vatican établir des relations diplomatiques avec elle. Il s’agissait pourtant
d’un pays officiellement catholique, mais malheureusement Noir, idée extravagante
et insoutenable pour l’époque: Lien-VIDEO
On pourra également consulter
avec profit le texte de ce lien, qui donne une idée de l’éthique de vie et du
sens de la Justice
de la vieille Afrique: LIEN
e) Comment l’esclavage
s’instaure en Afrique?
De toutes les catastrophes qui
puissent arriver à un peuple, la conquête et l’occupation étrangères sont les
pires, parce qu’elles entraînent, en plus de l’introduction par la force de la
culture étrangère, le recul voire la mort de la culture indigène. On l’a déjà
vu ci-dessus avec l’effondrement de l’Égypte et la dispersion des Noirs 639 de
l’ère occidentale, on va le voir aussi dans le reste de l’Afrique avec l’avancée
impérialiste dès le 18e siècle. L’occupation étrangère durable de l’Afrique
aura des conséquences dramatiques pour ce continent, dont les ravages d’ordre
moral n’ont pas cessé à ce jour. Les Africains ne finiront par pratiquer
l’esclavage que contraints de le faire, car étant privés de la possibilité
d’exploiter leurs propres ressources et de développer une industrie
conséquente.
Quand on considère que la traite
négrière occidentale commence officiellement en 1441 (voir ci-dessus), il faut
partir de cette date pour situer le moment où la pratique de cette traite
commence et s’instaure dans l’espace intra africain, c’est-à-dire beaucoup plus
tard, probablement au XVIIIe siècle. Vendre des esclaves était la seule
ressource qui restait aux Africains, de la même manière que les Juifs furent
jadis contraints de pratiquer l’usure parce que c’était la seule activité qui
leur était permise, cette pratique étant considérée alors comme impure par
l’église avant qu’elle ne découvre son caractère juteux.
Après avoir montré que les arabes
ont introduit l’eclavage dès le VIIe siècle et les Européens la traite dès le
XVIIIe, on peut inverser la prétention que tout élément de civilisation né en
Afrique est venu de l’Occident ou de l’Orient, pour lui substituer cette vérité,
qu’au contraire, de ces contrées, ne nous sont venues que les plus ténébreuses
machinations de l’esprit humain, n’en déplaise à ceux qui aiment à brandir
l’énumération des „progrès techniques“ introduit chez-nous par les
envahisseurs. Aimé Césaire, dans Discours sur le Colonialisme
pose la question terrible: que serait-il advenu de tous ces peuples détruits,
s’il la rencontre s’était faite autrement, c’est-à-dire si le cours normal de
leur évolution n’avait pas été brisé si brutalement, si le contact avait était
établi autrement entre l’Occident et le reste du monde? Il conclut: „Et je
dis que de la colonisation à la civilisation, la distance est infinie; que, de
toutes les expéditions coloniales accumulées, de tous les statuts coloniaux
élaborés, de toutes les circulaires ministérielles expédiées, on ne saurait
réussir une seule valeur humaine.“ (Discours, Ed. Présence Africaine,
1955, p. 10).
Un empereur romain rasa tout un
pays qu’il venait de conquérir, tuant femmes, enfants et vieillards, puis construisit
une nouvelle cité à la place et appela cela civilisation. Que les tenants des
statistiques y songent!
Alors, que l’on cesse de parler
de progrès technique pour justifier l’injustifiable!!!!
En conclusion:
On le voit, la vérité est aussi
éloignée des ragots en circulation sur la pratique de l’esclavage en Égypte et
en Afrique antique que le ciel de la terre, et l’Africain est bien
chez-lui en Afrique depuis les origines du monde. En ce temps-là d’ailleurs, le
mot Afrique n’était point connu. Les habitants du pays le désignaient par Kemet
ou Kamita (Terre des Noirs) et le pays comportait trois grandes divisions: Ta
Neter (La Terre Sainte),
Ta Mery (Le pays Bien-Aimé) et Ta Sety (Le Pays de l’Arc ou des Archers). On
rapporte qu’Alexandre le Grand eu la fantaisie de nommer Alexandrie, la ville
qu’il avait conquise en -332, du nom de son ami Leo Africanus. Ce nom finira
par désigner le continent tout entier.
Le Mouvement de la Renaissance Africaine
ne pourra donc pas faire l’économie d’une réflexion sur le changement d’un nom
affecté au continent par ironie, et que le Dr Simon Mougnol qualifie à raison
de nom d’esclave (d’après lui Afrique est composé du privatif a et du
verbe ferro qui signifie: à porter au loin, à éloigner des hommes;
résultat, Afrique signifierait: indigne des hommes, voir Simon Mougnol, op.
cit.). Quoi qu’il en soit l’Égypte antique vivait d’après un idéal de vie
élevé, une éthique et une morale conformes au Code de la Mâat, absolument
incompatibles avec une entreprise aussi odieuse que l’asservissement des
hommes. La pratique de l’esclavage ne sera introduite jusqu’à être banalisée
ensuite en Afrique qu’à la suite d’une agression barbare, d’une guerre qui
jusqu’à nos jours est niée pour les besoins de la cause.
Il nous faut par conséquent
développer un peu plus de scepticisme et d’esprit critique à l’égard de toutes
ces idées répandues pour nous culpabiliser et nous déviriliser dans la lutte de
libération que nous devons mener. Il nous faut comprendre quels sont les enjeux
cachés derrières des clichés qui ont fini par jouir d’un statut de vérité
révélée. Il nous faut craindre que des attaques qui ont fini par paraître
inoffensives ne se tapissent dans les recoins de notre psychologie et ne
façonnent à notre insu une image négative de notre propre monde comme étant un
monde dépourvu de Valeurs et d’idéal, et qui a fini par provoquer sa propre
perte: Lien-VIDEO.
Gardons-nous de rire avec les autres de nos propres malheurs, afin échapper au
remords de Césaire, inconsolable d’avoir ri avec des passagers d’un tramway de
son „Nègre-comique-et-laid“!(Cahier d’un retour au pays natal, Présence
Africaine, 1983, pp. 40-41).
Il y a une corrélation étroite
entre l’indifférence ou le mépris de nombre d’Africain(e)s à l’égard de leur
continent et la nature des informations qu’ils/elles ont sur celui-ci! À titre
d’exemple, quand on observe le comportement de bien des Afro-descendants, ce
n’est pas le fait d’être des Noirs qui les gêne. Ils en sont même très fiers.
Mais c’est leur rapport à l’Afrique qui fait problème: ils se reconnaissent
volontiers comme des Noirs, mais ils ne veulent rien à voir à faire avec
l’Afrique, ou être reliés avec elle d’une quelconque façon! Là aussi, c’est la
nature et surtout la source des informations sur l’Afrique qui est
problématique! À preuve, plus ils découvrent la vérité à la faveur de
l’internet et de la levée de bouclier de l’École Africaine d’Histoire et
d’Égyptologie, plus ils opèrent le retour vers la Terre Mère, comme c’est
fréquent de nos jours.
C’est pourquoi le paradigme
Africain doit être désormais pris en considération sérieusement par tous les
Afrcain(e)s qui se posent des questions troublantes mais légitimes, et qui
restent sans réponse devant la bizzarerie de la situation de l’Afrique dans le
monde. Comme disent les deux proverbes africains qui ouvrent l’entrée de la
présente modeste contribution, il nous faut écrire nous-mêmes notre histoire,
ou rechercher la compréhension de notre condition auprès des Sages de notre
peuple. Le Pr Coovi Gomez observe fort justement qu’il serait assez
extraordinaire que le peuple Juif aille chercher à comprendre la Shoa dans des livres écrits
par des historiens nazis! Ce masochisme semble bien africain. Je crois entendre
Césaire, exaspéré, s’écrier: ASSEZ DE CE SCANDALE!“ (Cahier, op.cit., p. 32).
Dont acte!
VIE-FORCE-SANTÉ-UNITÉ
Bien à toi,
Senibnefer Tchucham
Contact:
Mobile Fon: +49 1520 7878 345
Office:
+49 201 183 6166
E-mail:
tchucham@uni-due.de
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[1] Les arabes quitteront l’Égypte en 711
pour aller conquérir le sud de l’Europe, en particulier l’Espagne, où ils
resteront jusqu’au-delà de 1200. Mais l’élément arabe à proprement parler était
minoritaire, c’était surtout des Noirs appelés Maures qui introduiront en
Espagne une civilisation appelée mauresque d’ailleurs.
NB:
L’auteur de cet article est
juriste, collaborateur scientifique à l’institut des Sciences de l’Éducation de
l’Université Duisburg-Essen, Doctorant en Droit et Science politiques de
l’Université de Heinrich-Heine de Düsseldorf.
12.08.2012
Bois-Caiman-Redaktion
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